Compte rendu de l’assemblée populaire du 349 mars

Compte rendu de l’assemblée populaire place de la République, le 12 février/349 mars 2017 à 17h


Le retour des assemblées

Un appel a été lancé jeudi et vendredi pour une assemblée à République le dimanche 12 février à 17h, soit juste après l’atelier educpop « quelle société veut-on? ». L’idée de relancer les assemblée est portée depuis un moment par plusieurs personnes de l’Assemblée de Coordination de Nuit Debout Paris République.

Un texte consacré à #JusticepourThéo a été rédigé et diffusé sur internet entre vendredi et samedi, puis affiché sur la place le jour-même : https://nuitdebout.fr/paris/2017/02/12/assemblee-generale-corruption-et-repression-on-sorganise/

Les propositions énoncées lors de cette assemblée sont en gras dans le texte.

Dès à présent, une carte des rassemblement en France est en ligne.

Un enregistrement de l’assemblée a été depuis mis en ligne (vous pouvez le retrouver en bas de page).

Début de l’assemblée

Du fait de l’actualité brulante de la question policière, notamment à la suite du rassemblement de Bobigny (CR Paris-Luttes.infovidéo Doc du Reelvidéo Taranis Newstexte de Serge Quadruppani) la veille, et de l’annonce d’un grand rassemblement contre la corruption dimanche 19 février, l’assemblée s’est focalisée sur la question de Théo, de la police, du racisme des quartiers populaires et de la mobilisation des derniers jours.

La plupart des interventions ont donc porté sur le problème des violences policières. Les médias aiment parler de délinquance mais en réalité, le véritable problème est l’impunité des policiers. L’usage répété du flashball par ces derniers est choquant et devrait susciter un véritable débat public. Concernant Théo, il est rappelé que la thèse de l’accident est irrecevable et même inadmissible, qu’il n’est pas ici question de violence mais bien de crime (le viol est puni de 20 ans de prison). Il s’agit donc de parler non pas de « violences policières » mais de « crimes policiers ».

Revenant sur 2005 (mort de Zyed et Bouna, émeutes…), certains ont pointé le fait que peu de choses ont changé, elles ont même empiré. On s’interroge sur les conséquences de ces émeutes sur le quotidien des habitants des quartiers concernés. C’est cette même absence de solutions concrètes qui permet à une « rage » de s’installer. Des voies sont alors proposés, celle d’un renforcement des solidarités, d’une critique radicale du système qui produit la corruption et la violence (le capitalisme) et des mobilisations de masses telles que ce qui se passe actuellement en Roumanie.

Un intervenant rappelle que certaines questions politiques soulevées par les crimes policiers ne doivent pas être écartées de la discussion. Il rappelle que le Grand Paris implique une conquête des territoires par les investisseurs et que la Seine Saint Denis est au coeur de cette politique. Les territoires délaissés par l’Etat font l’objet d’une conquête marchande et spéculative. Il n’apporte pas de solution concrète mais invite à la réflexion sur cette dimension territoriale.

Les interventions suivantes reviennent sur la mobilisation de ces derniers jours, et plus spécifiquement sur celle de la veille à Bobigny. des intervenants accusent certains manifestants « blancs » d’avoir « provoqué » volontairement les policiers sur la passerelle. De nombreuses personnes réfutent ces informations : les parisiens « blancs » et les jeunes du 93 ont agi de concert en réponse à des provocations policières. Le spectacle des émeutes ne doit pas masquer la construction de solidarité concrètes entre les différentes personnes mobilisées. Si des personnes expriment un questionnement légitime sur le recours à l’action directe et violente, notamment à l’encontre des policiers et des installations de JC Decaux, d’autres ont recours à une condamnation radicale de ces pratiques, ce qui a tendance à agacer ceux qui défendent ces pratiques. Il apparait nécessaire d’éviter les jugements et les condamnations, mais plutôt de favoriser le questionnement et le débat argumenté sur les moyens employés pour répondre à l’offensive autoritaire.

Fahima (Banlieues Debout) prend la parole

Elle se mobilise dans les quartiers depuis de nombreuses années et qu’elle fait partie des organisateurs (depuis 2009) de la marche du 19 mars, on la laisse parler un peu plus que les autres personnes. Le modérateur annonce que, bien que la parole soit libre, des propositions concrètes son demandées ; il précise également que les interventions sont libres et non minutées ; que les personnes se limitent d’elles-même dans le soucis de laisser la parole aux autres. Les réponses directes sont autorisées mais sujettes à une limite de temps de parole définie par le modérateur.

Fahima nous a fait une bonne présentation sur la question de l’oppression des populations des banlieues, des crimes policiers, de la loi qui vient d’être votée à l’assemblée, de la mobilisation pour Théo et de la grande marche du 19 mars. Difficile donc de résumer tout ce qui a été dit. On vous renvoie à l’enregistrement audio. J’ai retenu qu’on devait parler de « crimes policiers » qui sont récurrents et répandus. Face à cette offensive raciste et criminelle, seule la mobilisation locale et autonomes des habitants est susceptible d’offrir une opposition solide. Cette mobilisation doit s’appuyer sur les femmes : les mères, les soeurs, les tantes. L’exacerbation du caractère « viril » des quartiers par les violences a pour fonction d’étouffer l’action des femmes. Pourtant ce sont elles qui portent nombre d’actions concrètes. La marche du 19 mars en est un exemple.

Fahima revient en détail sur l’adoption en première lecture du projet de loi de sécurité publique qui assouplit les règles de légitime défense pour les policiers le 8 février, soit exactement 55 ans après le massacre de Charonne. Elle appelle à une mobilisation contre cette loi et à une grande vigilance concernant les amendements qui pourraient être passés. Une pétition a été lancée par le collectif Urgence notre police assassine. Elle revient ensuite sur la mobilisation pour Théo et le rassemblement à Bobigny et précise qu’elle est en train de rédiger un compte-rendu accompagné de revendications (par ex : le refus des fouilles au corps).

Elle fait état de la forte mobilisation pour le 19 mars et propose que le soir de la manifestation qui arrive à République, on reste sur la place un peu comme ce qu’il s’était fait le 31 mars, mais sous une autre forme.

L’assemblée continue : élections, marche du 19 mars, les banlieues…

image-1-3
cliquer pour agrandir l’image

L’intervenant suivant lance un gros coup de gueule contre le manque de réaction face aux événements actuels. Il appelle à une mobilisation de masse dans la rue et dans les urnes pour éviter que le pire ne se produise. Ensuite, un autre intervenant vient défendre ceux qui ont affronté la police à Bobigny. Un échange s’engage avec la prochaine intervenante sur les questions de violence etc. Mais le dialogue semble impossible. Cette intervenante, bardée de l’affiche de la marche du 19 mars vient présenter l’événement et lit un texte d’appel dans lequel elle condamne l’abandon politique des quartiers. Elle fustige également l’IGPN et les responsables politiques. Elle présente sa « faction » (Paris Debout) qui a signé l’appel à marcher le 19 mars; elle insiste sur le fait d’être très nombreux à  la marche. Il y aura Youssoufa en concert le soir même. Fahima lui répond qu’il est faux de dire qu’il y a un abandon politique des banlieues. Au contraire, l’Etat est bien présent, mais avec des politique dont les habitants ne veulent pas. Elle développe sur les politiques économiques en directions de ces territoires : stratégie d’assujettissement et non de développement (audio disponible).

Une habitante de Saint Denis prend la parole et rappel que les problèmes ne sont pas seulement liés au racisme mais également aux inégalités sociales. L’école constitue un problème de fond. Il faut donc la placer au coeur de nos réflexions et propositions. Elle condamne les discours qui tendent à séparer les gens en fonction de leur origine, leur religion ou leur couleur de peau.

On a un appel à un renforcement de la loi contre les crimes racistes. De nouvelles propositions : continuer de se mobiliser avec des panneaux « la police viole » ; demander le départ des différents responsables : IGPN, le syndicaliste qui tient des propos racistes ; interpeller le Ministre de l’Intérieur Leroux ; se mobiliser contre la loi sur l’impunité des policiers qui annonce (comme l’affaire de Théo) une future offensive policière et politique contre la population. Quelqu’un revient sur les violences policières lors du printemps dernier; il parle du cortège de tête et appelle à « casser » les pubs, le système en place et « nos petites vies ».

Ensuite, un groupe de trois petits bonhommes (11-12 ans?) de Mantes-La-Jolie cherchent à prendre la parole ; on les invite à s’inscrire. l’un deux lâche tout de même « la France est belle ». Un intervenant prend alors son tour de parole pour dire que la France c’est pas si mal, en Autriche, la polizei est nazie. L’un des petits prend ensuite parole pour témoigner sur les insultes qu’ils reçoivent des policiers.

Un nouvel intervenant rappelle que face aux trafics de drogues et la criminalité, les policiers s’avouent le plus souvent incapables. Par contre, quand il s’agit d’harceler la population et réprimer les mouvement sociaux, ils font du zèle. Il dit « on en a plus besoin de la police », que c’est au peuple de faire sa propre police. Il appelle à dissoudre le corps de la police actuelle. Il propose de s’inspirer des « vieilles démocraties » dans lesquels chaque tribus était représentée dans les forces de l’ordre/militaires. Il appelle donc à la formation d’un corps de défense constitué de représentant de chaque quartier/commune/entreprise/secteur d’activité dans les « forces de défense du peuple ».

On revient sur Bobigny et sur la grande mixité de la population présente et le nombre (5000 personnes) ; beaucoup de familles. La violence est venue de la police. La seule personne vue blessée l’a été par un flashball dans la jambe. On parle de la loi « permis de tuer ». Une personne s’interroge sur le rôle de la bac dans les violences et les départs de feu. Les pratiques policières sont discutées : les policiers sont formés à maîtriser les énervés sans armes. ce sont ces armes (à feu) qui provoquent l’escalade de la violence. Proposition : faire des tracts, des affiches. Il est également rappelé que l’ONU a condamné la France (Bernard Caseneuve).

Fréquence Paris Plurielle a réalisé un reportage qui sera diffusé lundi 13 de 22h30 à 23h. Un conseil : face aux provocations policières en pleine rue, il faut rester vigilant et ne pas détourner le regard. « Rester debout la nuit et le jour ».

Fin de la liste de parole, l’assemblée continue

Il fait désormais nuit. Une personne nous invite à réfléchir sur ce qui s’est fait à l’époque avec la police de proximité. On lui répond que cela ne marche pas. Que c’est l’usage de la vidéo qui permet de rendre visible des affaires comme celle de Théo. On apprend par une intervenant qu’il y a chaque année plus de 2000 affaires de violences policières qui ne sont pas portées sur la place publique. Un appel à ne plus regarder la télévision. On lui répond que regarder la télé permet de prendre connaissance de ce que pense la masse. Un appel à proposition est à nouveau lancé.

Un petit prend la parole pour dire que « tout le monde ici en France on est Théo ». Son copain témoigne du rejet dont sont l’objet de nombreux jeunes qui ont pourtant des talents, des capacités fantastiques et qui pourraient contribuer à la société, « la France a besoin de ça ». Il condamne la violence. Il demande des gymnases, des écoles. A Mantes il y a juste un terrain de foot. Mais il y a aussi l’agora et les adultes qui passent du temps avec les plus jeunes et les accompagnent sur la place ce dimanche après leur avoir payé un grec à la mayo (ils sont applaudis par l’assemblée). Un autre petit propose que les armes à feu soient légalisées. Opposition radicale et réponse directe, un court échange s’engage pour expliquer qu’armer la population ne fera que provoquer plus de meurtres et de crimes policiers.

Un africain français nous livre un témoignage du racisme quotidien, de la participation des personnes issues de l’immigration à la société. Du rejet dont ils sont l’objet, notamment dans les médias et les institutions. Il fini avec un rappel sur les problèmes que créée la division des individus en fonction de leurs papiers, la couleur de leur peau… Il fait part de sa « peur » du futur que crée l’impunité policière.

Une intervenante propose des actions simples : des affiches, des fresques pour rappeler que ce qui est arrivé à Théo n’est pas anodin. Un appel à un nouveau rassemblement le 16 février à Bobigny (depuis, un autre rassemblement a été appelé à Barbès mercredi 15 février). Un autre intervenant critique le slogan « tout le monde déteste la police ». On lui répond que la police a crevé des yeux, sans que cela pose des problèmes aux policiers.

Le modérateur prend la parole pour appeler à la création de nouveau slogans, d’affiches, à ce que la marche du 19 mars soit la plus massive possible, qu’on occupe la place le soir. Il propose d’organiser une Nuit Debout le 18 mars pour préparer la marche du lendemain : affiches, banderoles et une assemblée comparable à celle-ci. Il faudra également organiser dans les prochaines semaines une assemblée pour discuter de ce qu’on fait concrètement le 19 mars.

La personne qui prenait les tours de parole présente l’Assemblée de Coordination (GV 19h chaque mercredi). Les deboutistes sont présents tous les week-end, avec notamment Debout Education Populaire le dimanche. Elle appelle à participer aux actions de la commission anti-pub.

Le modérateur clos l’Assemblée. Il est 19h20.

Les propositions recueillies au cours de cette assemblée

Deux propositions sont revenues dans de nombreuses prises de paroles :

1 – faire de la marche du 19 mars (Nation-République) le point de départ d’un grand mouvement. Il faut donc mobiliser un maximum de monde et réfléchir à ce qu’on fera une fois la marche arrivée à République.

2 – se mobiliser contre la loi dite « de sécurité publique » par tous les moyens : réunions publiques, pétitions et manifestations.

Voici les autres propositions :

Trois rdv : le 16 février à Bobigny en soutien à Théo ; le 18 mars à République pour une Nuit Debout consacré à l’impunité policière et politique ; le 19 mars à nation pour une grande marche.

Initiatives : écrire des tracts à diffuser largement, produire des slogans, des affiches, des fresques afin de rendre visible les crimes policiers. Casser le système actuel qui produit les crimes policiers, ainsi que ses symboles et nos habitudes qui l’alimentent ; toujours rester vigilant face aux agressions policières en public ; placer les femmes au coeur de la mobilisation et de la lutte.

Revendications : demander le départ des différentes personnes responsables (IGPN, policiers, politiques) ; retrait de la loi dite « de sécurité publique » ; renforcement des lois contre les crimes racistes et policiers. Dissolution du corps de la police actuelle ; donner leur chance à tous les jeunes des quartiers populaires et reconnaître leur contribution à la société.

Pistes de réflexion : penser la politique de l’Etat en relation avec les intérêts économiques en jeu dans l’élaboration du Grand Paris ; placer l’école au centre des réflexions ; revenir sur l’expérience de la « police de proximité » ; éviter les jugements et les condamnations, mais plutôt de favoriser le questionnement et le débat argumenté sur les moyens employés pour répondre à l’offensive autoritaire.

À long terme : formation d’un corps de défense constitué de représentants de chaque quartier/commune/entreprise/secteur d’activité dans les « forces de défense du peuple ».


Classé dans Assemblée sur la place , Comptes rendus , Décisions et déclarations d'assemblée

Une réponse à “Compte rendu de l’assemblée populaire du 349 mars

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *