Assemblée Populaire #187 mars – 3 septembre

« Syndiqués et syndicats face à la répression »

Débat organisé avec les participations de 5 syndiqués poursuivis en justice ou menacés (CGT 93, CGT énergie pour les Robins des Bois, Cgt air France, Cgt spectacle, Cip-Idf, Sud Commerce pour Solidaire).

1. Intervention d’une syndicaliste de la CGT
-Les patrons ont décidé de reprendre ce que l’on a gagné et ont la volonté d’en finir avec le modèle social : pour y parvenir, ils ont besoin d’en finir avec la contestation. C’est pourquoi il est nécessaire de s’organiser et de se faire entendre autrement.

2. Intervention d’un syndicaliste de Sud-Poste 92
-Il y a eu de nombreux cas de répression à la poste : exemple d’un camarade révoqué de la fonction publique (1er cas depuis les années 50), on lui reproche notamment son intrusion dans des locaux, des prises de paroles non autorisées, des refus d’obéissances, des refus de quitter les locaux… De plus. Chez Sud-Poste 92, Gaël, le secrétaire général, a essuyé 11 procédures de licenciements dont 4 sont arrivées à l’Inspection du travail. Il a été mis à pied pendant quatre mois. On peut aussi citer le cas d’un autre postier, Olivier, qui est en à cinquante mises à pied sur les sept dernières années, ce qui représente deux ans sans salaires. Dernier cas intéressant à signaler : celui de la grève à Rivesaltes. Au bout de sept mois, la grève a été victorieuse et a mis en échec la réorganisation. Le dernier mois de grève était pour éviter la mise à pied d’un CGTiste, qui a été payé grâce à la caisse de grève. Ce dernier exemple montre que si les patrons ne se laissent pas faire, il est possible de remporter des victoires. Dans le 92, le syndicat SUD a même été réélu. Mais mener des combats nécessite de se préparer à la répression avec des outils comme les caisses de grève et de solidarité. Il est donc important de renouer avec des traditions du mouvement ouvrier datant des années 70 et avant.
-Rappel du procès des Goodyear sui se tient les 20 et 21 octobre.

3. Remarque du modérateur de l’Assemblée
-Dans le combat syndical, même les défaites sont des victoires car elles freinent le mouvement. Il faut souligner l’importance de la mémoire, du savoir-faire et remettre le collectif au centre.

4. Intervention d’un syndicaliste de la CGT-spectacle
-En tant que travailleur du spectacle, on et régulièrement attaqué par le MEDEF, c’est pourquoi une action dans les locaux du MEDEF a été menée en juin 2016. Le directeur de la sécurité du MEDEF a cherché la bagarre pour transformer l’événement politique en fait divers dans un processus de culpabilisation, comme ça a été le cas avec durant le mouvement contre la loi travail où il y a eu de nombreuses arrestations. Après avoir été frappé au visage par le directeur de la sécurité du MEDEF, un syndicaliste a été convoqué au tribunal après avoir été en garde à vue. Mais la solidarité s’est organisée et il y a eu des manifestations autour du commissariat. Ainsi, quand il y a des poursuites, il faut soutenir ceux qui ont été arrêtés, car la procédure policière et judiciaire est un processus d’individualisation d’un mouvement (on peut faire le rapprochement avec les nombreux lycées victimes de cette répression durant les mouvements contre la loi travail).

5. Remarque du modérateur de l’Assemblée
-L’organisation est cruciale face à la répression : un juge ne réagit pas de la même manière en fonction de la mobilisation. Par ailleurs, la violence des forces de l’ordre (très nombreux gazages durant la mobilisation contre la loi travail) a un sens, elle vise à dégoûter les gens, car le contrôle social le plus fort est celui qu’on s’impose à soi-même.

6. Intervention d’un syndicaliste de la CGT Air France
-Rappel de la manière dont s’est déroulée la manifestation du 5 juillet devant l’Assemblée nationale suite à l’utilisation du 49-3 : la manifestation a été verrouillée et cadenassée. Il y a eu une ferme intimidation de la part d’un dispositif policier très important, qui prêté une attention particulière aux journalistes : six vidéastes ont été arrêtés pour outrage, menaces à agent, etc. Une partie passera en procès au tribunal de grande instance de Paris fin septembre.
-Rappel des procès de ces personnes qui vont se tenir le 22 et le 29 septembre à la 24e et 29e chambres du tribunal de grande instance de Paris, le procès des Goodyear se tient quant à lui la semaine suivante. Enfin, le procès des Goodyear aura lieu à Amiens les 19 et 20 octobre.
-La mobilisation à Air France a empêché 2900 licenciements.
-L’avantage quand on est syndiqué est de savoir qu’on est soutenu grâce à la défense collective. Aujourd’hui, Nuit debout peut se tenir aux côtés du syndicat, car Nuit debout est capable de s’organiser et d’organiser la solidarité.

7. Intervention d’un syndicaliste de Sud Commerces
-Rappel d’un cas précis de violence policière et exposé de la façon dont cela a été géré : quelle réponse apporter ?
-Chez Sud, le choix a été fait de centraliser les cas de répressions et de jouer en « pour » et pas seulement en « contre », ce qui passe notamment par des dépôts de plaintes contre les policiers. Cas de la fin de la manifestation du 28 avril 2016 : lors de la manifestation sauvage à Vincennes, un jeune est amené en bas d’un immeuble, d’autres manifestants exigent sa libération, une colonne de policiers arrive alors pour les désenclaver, ils tirent des grenades défensives. Véronique, syndicaliste SUD, est blessée au pied droit, la partie métallique de la grenade rebondit et touche Romain, un jeune photographe, à la tempe, qui tombe. Depuis, pour le cas de Véronique, une plainte a été déposée. La médiatisation de cette affaire a permis de nommer un juge d’instruction. Un livre blanc a été constitué et le Défenseur des droits a été saisi : exigence d’un moratoire sur les grenades défensives et de l’interdiction des flashballs.
-Le mouvement syndical est face à un défi quant à la réponse à apporter : il faut être offensif et faire de la répression un sujet central. Il faudrait assumer une part d’illégalité, exemple : il n’y a pas de déclaration de manifestation à Nantes. Dans les modalités pratiques, il faut continuer à faire des départs groupés en manifestation pour résister plus facilement. Il faut en tout cas manifester la volonté de manifester de manière normale et démocratique. Montrer sa force est essentielle, dernièrement, lors d’une manifestation au Havre, il n’y avait pas de présence policière.
-Rappel de la manifestation à venir du 24 septembre et des procès à venir, qu’il est important de soutenir.

8. Prise de parole de représentants du Comité du 18 mai
-Rappel des faits lors de la manifestation du 18 mai (manifestation contre la haine anti-flic organisée par le syndicat Alliance), une contre-manifestation avait été interdite et une voiture incendiée. Les médias ont joué un rôle dans la condamnation publique. Quatre personnes, prises au hasard et dénoncées anonymement, ont depuis été mises en garde à vue. Trois de ces personnes sont toujours en prison et les frais d’avocats sont lourds. Leur droit de garder le silence a été considéré comme une circonstance aggravante. Les lois antiterroristes ainsi que l’état d’urgence ont été utilisés ces derniers temps contre les mouvements sociaux. Il est important de ne pas oublier ces arrêtés du 18 mai.

9. Prise de parole d’Éric Coquerel, élu
-Témoignage de l’anormalité de la situation et de faits scandaleux. C’est la première fois depuis la guerre d’Algérie qu’un gouvernement réprime avec autant de dureté, à tel point qu’Amnesty International a dépêché des observateurs. On ne peut pas s’habituer à cette extrême disproportion entre les usages de la violence et les comportements.
-Le contexte est grave, plus de politiques d’austérité et plus de politiques ultralibérales conduisent à plus d’autorité (exemple récent de la Chapelle debout, prise à parti par les policiers). Il faut donc hausser le ton en termes de résistances : d’où la constitution prochaine d’un Secours rouge, qui serait un comité de vigilance au sein duquel les organisations pourraient réagir ensemble (une réunion préparatoire pour ce comité est prévue le 9 septembre). Il faut exiger le droit de manifester.

10. Prise de parole libre
-Rappel des luttes à l’internationale, notamment des luttes contre le TAFTA ou celles au Portugal et en Espagne : la France n’est pas la seule à se mobiliser.

11. Remarque du modérateur de l’Assemblée
-Le taux de conflictualité est en tout cas très élevé en France à l’heure actuelle.

12. Prise de parole libre
-Pourquoi y a-t-il autant de condamnations ? Le système économique et politique (bipartisme, parlementarisme) est actuellement en crise, il n’y a pour l’instant pas de réponse par en bas face à cette crise institutionnelle. La répression est un moyen de faire taire les voix dissonantes. Le renforcement de l’état répressif est incarné par l’état d’urgence, la criminalisation des syndicalistes et le contrôle des quartiers populaires. Le système est fragile et il ne tient qu’à nous de nous organiser pour penser collectivement et renverser le système. À cette fin, on peut rejoindre des organisations déjà existantes.

-Témoignage de soutien qui invite à occuper la rue.

-Interrogation sur les vidéos du 18 mai (sont-elles toujours visibles) qui infirment la tentative d’homicide reprochée aux arrêtés.

-Précision sur le Secours rouge qui est une réponse commune face à toutes les formes de répression.
-Rappel de la mobilisation organisée par la Compagnie Jolie môme le 16 octobre.

13. Prise de parole de Murielle de la CGT chômeurs
-Important de rappeler qu’il faut dés-invisibiliser la répression et ne pas négliger la répression économique. Par exemple, les assignations à résidence sont une manière de faire perdre des emplois.

14. Tour de conclusion
-Conclusion d’un syndicaliste de Sud-Poste 92 : dans les années 30 aux États-Unis, la répression était bien plis importante, cet exemple nous montre qu’il est toujours possible de le faire, mais il faut pour cela être nombreux.
-Intervention libre : on recherche des témoins de la nasse du 5 juillet pour les procès qui auront lieu. Rappel du rendez-vous le 15 septembre, nouvelle journée de manifestation.
-Conclusion du modérateur du débat : en France, le corps le plus syndiqué est celui de la police (un policier est mieux payé en début de carrière qu’un maître de conférences), ainsi, la police a les moyens de faire de plus en plus ce qu’elle souhaite. Ce fait transcende les syndicats, c’est un enjeu de société.

Classé dans Comptes rendus

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