Assemblée Populaire #185 – 1er septembre

L’Assemblée Populaire du deuxième jour de la Rentrée de Nuit Debout – dont le thème était « Les nouvelles formes de mobilisations » – était consacrée aux GPII (Grands Projets Inutiles et Imposés) et aux ZAD (Zones À Défendre). Cette assemblée était conçue comme une suite d’interventions de militants issus de différentes mouvances d’opposition à des GPII venus présenter leur combat. L’assemblée s’est terminée par l’intervention d’une chercheuse en sciences sociales qui, tout en essayant de synthétiser les différentes interventions, s’est exprimée sur la perception des mouvements sociaux.

INFORMATIONS DIVERSES
– Des Gabonais nous ont rejoint et sont en train de créer Gabon Debout.
– Une réunion a lieu à côté du kiosque rouge sur le thème Pirater la présidentielle ? Pourquoi ? Comment ?
– A 21h30 seront projetés deux films :
La valeur de la terre (5 mn) court métrage sur la disparition des terres agricoles de Geoffrey Couanon http://lavaleurdelaterre.com/

Le dernier continent (1h07) film sur la ZAD de Notre Dame des Landes de de Vincent Lapize lederniercontinent.tumblr.com

CONTRE LA RECONSTRUCTION DE L’INCINERATEUR D’IVRY
Des associations citoyennes de quartier (Agir à Villejuif, Les Amis de la Terre, Arivem, Attac-Ivry-Charenton, CLCV-Ivry, Passerelles avec le soutien de Zero Waste France), se sont rassemblées en réaction au projet du SYCTOM (Syndicat de Traitement des Ordures Ménagères de l’Agglomération Parisienne) de reconstruction de l’usine d’incinération des déchets à Ivry-Paris XIII et de création d’une usine de Tri Mécano Biologique avec méthanisation. Ce projet est inquiétant car il provoquera de nombreuses nuisances : fortes émissions de polluants toxiques, ainsi que des risques graves d’incendie et d’explosion. Il existe des alternatives. Les collectivités du SYCTOM ont une marge de manœuvre considérable. En effet le SYCTOM en privilégiant le « tout incinération » (80% d’incinération) a longtemps négligé le tri et le recyclage et ne recycle que 11% des déchets qu’il collecte (moyenne française 37%). Les collectivités peuvent faire bouger ces chiffres en combinant plusieurs leviers :
– la réduction des déchets ( compostage individuel ou de proximité, collecte des textiles dans les bornes de recyclage, stop pub, vente en vrac, etc…)
– la collecte sélective des biodéchets qui peut réduire d’un tiers notre poubelle ;
– la relance du tri sélectif des recyclables (42% de notre poubelle en mélange est constituée de déchets pour lesquels il existe une filière de recyclage)
– la redevance incitative et par de nombreuses autres actions qui sont détaillées dans les 12 actions et les 3 chantiers du Plan B’OM (www.planbom.org) que nous avons élaboré avec Zero Waste France.
Ce plan alternatif a été construit à partir de la législation existante (Grenelle, Plan régional de gestion des déchets…) ainsi que de la récente Loi de Transition Energétique votée à l’été 2015, à l’intention des citoyens et des collectivités et comme une alternative crédible et réaliste, au projet du Syctom.
Il est rappelé que les déchets sont avant tout des sources d’énergie à recycler.

BURE
Un projet d’enfouissement des déchets nucléaires est en cours depuis 1994, conséquence de la loi de 1991 relative à la gestion des déchets nucléaires. La seconde loi de juin 2006 a tout concentré sur Bure, site argileux, en Meuse, aux abords de la Haute-Marne, via un pseudo « laboratoire » de recherches géologiques. La troisième loi de 2016 active le début de Cigéo, via une soi-disant « phase-pilote », qui n’a rien à voir avec de la recherche. C’est la première phase industrielle du projet (environ 25% du coût total estimé). En 2018, l’Andra doit déposer sa demande d’autorisation et le chantier débuterait alors, si elle est accordée. Pour autant, de nombreux travaux préparatoires, très contestés sur le terrain, ont été lancés fin 2015. 15 km2 sont annexés entre 4 villages meusiens : Bure, Ribeaucourt, Bonnet et Mandres pour y construire d’énormes infrastructures et 300 km de galeries. Ce projet d’enfouissement, recentré aujourd’hui à Bure, a concerné 25 sites en France et est l’objet de très fortes mobilisations et oppositions… qui ne sont pas prêtes de finir.
Aucun pays au monde n’a de solution pour les gérer, on ne sait pas réduire ni neutraliser leur radioactivité. Enfouir consiste à confiner celle-ci le plus longtemps possible, mais un jour (quand ?) les conteneurs se dégraderont et elle remontera à la surface, c’est inéluctable. Ces déchets sont contaminants et dangereux pour des milliers d’années.
Depuis l’origine de ce processus, il n’y a jamais eu aucune consultation des populations concernées, et les riverains manquent véritablement d’information sur ce qui se prépare : notamment sur un premier centre de stockage en surface (attente et conditionnement), indissociable du centre d’enfouissement à 500m sous terre. Le centre de stockage temporaire de surface durera 130 ans au minimum, et sera une source de contamination radioactive qui touchera les riverains dans quelques années.
Les transports nucléaires à haut risque seront de l’ordre de 2 arrivées ferroviaires par semaine avec de multiples trafics d’acheminement sur les centres.
Des dizaines de millions d’euros sont déversés chaque année en Meuse et en Haute-Marne, département mitoyen, alors qu’aucun déchet nucléaire n’est encore arrivé. 30 millions d’euros par an pour chacun de ces départements, s’infiltrant dans tous les projets, sans que les habitants le sachent, cela pose un véritable problème démocratique.
L’intervenant invite les deboutistes à se rendre à Bure et à découvrir le bois investi par les opposants au projet.
Un deboutistes demande s’il y a un lieu possible pour enfouir les déchets.
L’intervenant lui répond que non, qu’avant, les déchets étaient jetés dans l’océan et que cela aurait continué sans mobilisation. Il n’y a pas de solution aujourd’hui mais on continue à en produire. La seule solution est de démanteler les centrales.

CONTRE LA DAKOTA ACCESS PIPELINE
Les habitants de la Réserve de Standing Rock protestent contre la construction d’un pipeline qui constitue une menace pour l’eau de la région. Le 6 août dernier, des jeunes coureurs de la Réserve de Standing Rock, dans le Dakota du Nord, ont protesté devant la Maison Blanche, puis sur Union Square, à New York, dans le cadre de leur combat contre le Pipeline d’Accès Dakota (un embranchement qui doit rattacher le Dakota du Nord au pipeline qui va du Canada au Golf du Mexique). Les jeunes de la Nation Indienne de Standing Rock avaient couru 2400 km du Dakota du Nord à Washington afin de protester contre un pipeline qui menace leur eau. Dès mars 2016, les Dakota protestaient contre le pipeline et le transport par convois exceptionnels de matériel et de pétrole brut dangereux. De retour à Cannonball, dans le Dakota du Nord, les Dakota, Lakota et autres Autochtones se sont rendus au camp de Sacred Stone, préparés à résister. La Nation Sioux de Standing Rock a entrepris des actions en justice pour arrêter la construction du pipeline. Le jugement sera rendu le 9 septembre.
L’intervention se termine par la présentation d’une membre de Idle No More France, une association défendant les peuples autochtones.
La commission Ecologie appelle Nuit Debout à se déclarer solidaire des Standing Rock Sioux.

NOTRE DAME DES LANDES
2000 hectares, 300 habitants, 50 points d’habitation, soit une grande densité d’initiatives. 40 ans de lutte ont précédé les combats d’aujourd’hui. Dès 1972 est créée l’ADECA (Association de défense des exploitants concernés par l’aéroport), qui regroupe les agriculteurs s’opposant au projet d’implantation d’un aéroport à Notre-Dame-des-Landes. En 2000 est créée l’ACIPA (Association citoyenne intercommunale des populations concernées par le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes), à l’initiative de neuf riverains et regroupant en 2011 plus de 3 300 adhérents. Selon l’ACIPA, le projet est incompatible avec les objectifs du Grenelle de l’environnement et touche la sécurité d’un secteur de concentration industrielle classé Seveso, le projet de piste étant dans l’axe de la raffinerie de Donges et de la centrale thermique de Cordemais.
La zone d’aménagement différé (ZAD) du projet d’aéroport dénommée « Zone à Défendre » par les groupes d’opposants internationaux qui occupent illégalement les nombreuses habitations délaissées commence à être occupée en 2008 et ce mouvement s’amplifie en 2009 après le Camp Action Climat. Ils souhaitent « profiter d’espaces laissés à l’abandon pour apprendre à vivre ensemble, à cultiver la terre, à être plus autonomes vis-à-vis du système capitaliste. » Cette ZAD est aussi devenue, depuis plus de trois ans, le lieu d’expériences alternatives et autogérées très intéressantes pour plus d’une centaine de personnes y résidant et pour les milliers qui y sont passées, appréciant la créativité : terres maraîchères défrichées collectivement, construction de cabanes, de fours à pain, cuisines collectives, rencontres, échanges de savoir (de la sérigraphie à la découverte des plantes sauvages comestibles), concerts à prix libre, radio locale (Radio Klaxon), revue (Lèse béton), etc.
Il est rappelé que la terre appartient à ceux qui la cultivent et non à ceux qui la possèdent.
Des bus partiront le 8 octobre prochain de Paris pour Notre Dame des Landes afin de soutenir les zadistes.

LA ZAD D’ALLAUCH PRES DE MARSEILLE
Contre le projet de rocade nommé LINÉA qui menace plusieurs hectares de terres fertiles pour les remplacer par de l’asphalte, menaçant la faune et la flore locale dans cette ceinture verte de Marseille.

INTERVENTION D’ALICE CANABATE, CHERCHEUSE EN SCIENCES SOCIALES SUR LE THEME « LA PERCEPTION DES MOUVEMENTS SOCIAUX »
Quiconque veut l’autonomie doit mettre un nom sur les hétéronomies, c’est-à-dire ce qui nous aliène. C’est ce qui caractérise la lutte contre les grands projets inutiles imposés. In fine, toutes les luttes ont le désir de revenir à plus de mesure, de décence, à du convivial, du sensible, du palpable. Il y a un espoir : si toutes ces prises de parole convergent, elles sont susceptibles d’engager la pente douce des imaginaires vers un autre rapport au monde, en instituant de nouvelles représentations : autonomie, autogestion, horizontalité.

Classé dans Comptes rendus

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