Loi Travail et méthode Shadoks

Après la journée de contestation du 14 juin, les troubles de la vision s’aggravent chez nos gouvernants et la “grande“ presse. Leur logique est implacable.

J'ai kekchose qui m'gratte dans le dos. Manifestant, le 14 juin à Paris.
« J’ai kekchose qui m’gratte dans le dos“ . Manifestant devant une agence d’assurances aux vitres cassées, le 14 juin à Paris.

Laissons de côté les querelles de chiffres, qui avec un rapport de 1 à 12 entre le nombre de manifestants annoncés par l’État et celui des syndicats, n’ont plus de sens. La question est la détermination des contestataires et le soutien des français qui ne font pas grève. La détermination est de plus en plus forte, malgré l’usure de trois mois de contestation. C’est absolument flagrant pour quiconque a battu le pavé à Paris. De très loin, c’était la plus grosse manif, malgré la machine politico-médiatique de décrédibilisation, et la peur engendrée (précisons que les confrontations avec la police se cantonnent à la tête de manif, il est aisé de ne pas se retrouver dans les zones dangereuses).

Le refus de la Loi Travail par une large majorité de la population n’est contesté par aucun média. Cette loi aura des conséquences gigantesques sur la vie des français, et des entreprises.

Pourtant, au lendemain de la manifestation, la une du journal Le Monde la place au 4ème rang des informations, derrière le Brexit, le couple assassiné et la non fermeture de Fessenheim.

Le Figaro et Libération sont ex-aequo : ils la placent au 2ème rang, mais mettent en exergue « Les casseurs » pour l’un, les « Manifs en furie » pour l’autre. L’article se situé en page 18 pour Libération, page 12 pour Le Monde qui titre : « Loi Travail : après les turbulences, l’atterrissage ? ».

Avec un tel packaging, les journalistes peuvent écrire le meilleur des articles, le résultat est là : une question majeure est caricaturée puis reléguée dans l’arrière boutique.

Le gros des affrontements s’est déroulé devant l’hopital Necker. Deux ou trois individus ont cassé des vitres de l’hopital (voir article du Monde) avant de se faire expliquer par un autre l’absurdité de leur geste.

Manuel Valls n’a plus qu’à enfoncer le clou : cité par Le Monde, il critique la CGT et son service d’ordre « pas capable d’organiser une manifestation, quand il y a une attitude ambiguë vis-à-vis de ces casseurs, on n’organise pas ce type de manifestation ».

La CGT se retrouve encore une fois seule dans le conflit, au milieu d’une horde de “casseurs“ qu’elle ne sait pas gérer. L’ Exécutif S’inspire-t-il de la devise des Shadoks : « Pour qu’il y ait le moins de mécontents possibles il faut toujours taper sur les mêmes » ?

Qu’ils soient syndicalistes, activistes affublés du titre de casseurs, ou bien solidaires de ces activistes, à force d’être frappés ou empêchés, les “mêmes“ redoublent d’énergie. Nos gouvernants, qui anticipent excellemment, ont prévu le coup. Le 15 juin, le porte parole du gouvernement Stéphane Le Foll assène : « A un moment où la France accueille l’Euro, où elle fait face au terrorisme, il ne pourra plus y avoir d’autorisation de manifester si les conditions de la préservation des biens et des personnes et des biens publics ne sont pas garanties. »

À un moment où le pouvoir ne saurait gouverner avec l’assentiment du peuple, il ne reste plus qu’à finir de le bâillonner. Au nom de l’intérêt général, bien sûr. Sinon François, Manuel, Bernard, Myriam et leurs potes auraient trop de mal à dormir, la nuit. Couchés.

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