Assemblée Thématique : Démocratie #93mars

I/Prises de parole des intervenants et des commissions

1) commission Vote Blanc

Le vote blanc n’est pas reconnu dans les suffrages exprimés en France. En Belgique, le vote blanc est reconnu et il y a obligation d’aller voter. Mais le système qu’ils ont mis en place fait que le vote blanc profite à la majorité. Une pétition en faveur de la reconnaissance du vote blanc en France a déjà recueilli 60 000 signatures sur change.org. Il faut faire en sorte que cette question soit prise en compte dans le débat avant les élections, dans le but de faire évoluer notre démocratie.

2) Loïc Blondiaux

La démocratie c’est l’égalité devant la loi et l’égalité dans la participation à l’élaboration de la loi. Ce sont des institutions, mais aussi une forme de vie, une forme de société, le fait de considérer que les autres sont nos égaux. La société française est peu démocratique en raison du sort qui est réservé aux plus faibles (migrants, prisonniers, malades psychiatriques). Ainsi par exemple notre école n’est pas démocratique car elle insiste sur la compétition, elle sélectionne des élites.
La démocratie représentative a été inventée par des gens qui haïssaient la démocratie. L’élection est un système qui désigne une élite, qui décide pour le peuple sans que celui-ci ait son mot à dire entre les élections. Le régime de la démocratie représentative a connu un succès incroyable et s’est imposé comme la norme partout dans le monde. Il connait une crise sans précédent aujourd’hui. Une crise d’efficacité : ils se sont imposés en se disant compétents mais sont impuissants face aux crises. Une crise aussi car la sphère économique a phagocyté le pouvoir politique. Cela provoque trois types de réactions chez les citoyens : Le fatalisme, la tentation autoritaire ou la tentation technocratique (confier le pouvoir à des experts). On arrive à un moment crucial. L’idée du tirage au sort revient avec insistance. Les Athéniens utilisaient le tirage au sort pour désigner les magistrats ou les membres du conseil. En France certains défendent l’idée d’un Sénat citoyen, par exemple. Une autre piste est le mandat impératif : l’obligation pour l’élu de faire ce que lui demandent ceux qui l’ont élu. Des tas de propositions reviennent à la source de l’idéal démocratique et des tas de solutions où les citoyens seraient acteurs du processus de décision émergent. Le village de Saillans, dans la Drôme, a mis en place un système où les citoyens sont tous responsables. Une belle réponse donnée à la déliquescence de nos institutions.

3. commission Constitution

La constitution a été créée par des gens de pouvoir pour les gens de pouvoir. On est dans une oligarchie. Le vote ne nous donne pas de pouvoir, on choisit le meilleur marchand d’espoir. Comment changer la constitution et à qui confier son écriture ? Aux citoyens. Il faut une assemblée constituante tirée au sort. La commission réfléchit à la façon dont procéder pour ce tirage au sort.

4. Srecko Horvat

Félicitations à Nuit Debout pour l’occupation de cette place. Il a participé à l’occupation pendant une trentaine de jours d’une vingtaine de faculté en Croatie en 2009. Sa conviction : la multiplication de ces mouvements d’occupation des places montre que le système actuel n’est pas démocratique. Deux dangers à ces occupations dans la durée : l’enthousiasme (il ne faut pas tomber dans le piège de l’enthousiasme et se projeter dans un parti politique), suivi de la mélancolie (exemple de la mélancolie qui a suivi la désillusion Syriza à Athènes). Il ne faut pas être déçu de ne pas être des milliers sur la place, c’est normal quand on mène une aussi longue campagne d’occupation. Pour changer la démocratie en Europe lancement avec Varoufakis du mouvement Diem25. Il faut une protestation internationale. Le mouvement Blockupy en Allemagne est prêt à suivre le mouvement de la grève générale en France. De nouveaux mouvements s’inspirent de Nuit Debout, qui s’est inspiré lui-même d’autres mouvements. Il faut faire converger les luttes, se rassembler avec les syndicats, créer une nouvelle organisation. Le monde entier regarde ce qui se passe à Paris.

5. commission Europe

La commission soulève la question des referendums, censés être l’expression suprême de la souveraineté populaire. Mais en France en 2005 et en Grèce en 2015 le pouvoir politique n’en a pas tenu compte. En Grèce le texte proposé au referendum a été rejeté par le peuple grec. Mais le gouvernement actuel qui se dit de gauche a quand même fait adopter ces réformes.

6. commission Médias

Pour élire un gouvernement il faut que le peuple puisse émettre une opinion. Or il y a une vraie dégradation de l’information en France. En 40 ans la place dédiée à la politique et à la diplomatie internationale dans les journaux télévisés s’est considérablement réduite. Référence au numéro de Manière de voir d’avril-mai 2016, intitulé « faire sauter le verrou médiatique ». Comment se positionner en tant que mouvement social face aux médias ? Nuit Debout doit réfléchir à des solutions et des actions pour donner une visibilité à ses idées.

7. commission Droits de l’homme

La loi sur le renseignement, l’Etat d’urgence, la loi de réforme pénale dite loi Urvoas (en discussion au Sénat) et la loi El-Khomri, ces quatre lois récentes sont caractérisées par une atteinte à la séparation des pouvoirs. Il y a une volonté de criminaliser les mouvements sociaux et les syndicats. Heureusement le peuple prend conscience et agit, avec les Indignés, Occupy Wall Street, les printemps arabes, Nuit Debout. Appel à rejoindre la commission.

8. commission Cahiers de doléances

Objectif : recueil des doléances et exigences des citoyens sur la place. Des idées fortes ressortent déjà : notamment l’idée de redonner la parole aux gens. La reconnaissance du vote blanc, le rejet des élites dirigeantes, la question du mandat impératif et de la révocabilité des élus sont des points qui reviennent beaucoup dans les cahiers de doléances. 3 propositions fortes : la suppression du Sénat, la démocratie directe pratiquée via des outils numériques, le tirage au sort. Les questions autour du salaire à vie sont également très populaires dans les cahiers de doléances.

9. commission Constitution

En France il y a un fort rejet à l’idée d’associer le peuple au droit. Mais ce n’est pas aux gens de pouvoir d’écrire les règles de pouvoir. On propose la mise en place d’une assemblée constituante tirée au sort et régie par des principes de transparence. La constitution sera le résultat de délibérations de long terme. Pour en savoir plus, aller sur la page Facebook « La nouvelle Assemblée constituante ».

10. commission Jury citoyen

Qu’est-ce que c’est ? Ce sont des groupes tirés au sort de 10 à 15 personnes qui émettent un avis délibératif. Ce n’est pas un outil pour voter, c’est complémentaire. Un avis qui est légitime et qui donne un poids politique a une proposition. L’Europe en a mis en place en 2005 suite au référendum mais a mis le rapport à la poubelle. Conférence sur le thème tous les jeudis soir sur la place. Le 2 juin conférence du biologiste Jacques Testart sur le thème du jury citoyen. Le 19 juin mise en place d’un jury citoyen sur la loi Travail avec des citoyens tirés au sort.

11. commission Démocratie sur la place

Avons-nous réellement un fonctionnement démocratique à Nuit Debout ? La commission Démocratie sur la place n’a pas un mandat clair, elle n’a pas été élue ni été tirée au sort, c’est une sorte d’ « énergocratie » ou de « chronocratie », on fonctionne selon l’énergie ou le temps disponible. Nous avons testé un processus de vote mais il pose questions : à quoi bon voter s’il n’y a pas de comité exécutif pour faire appliquer le vote ? Le vote tue-t-il l’imagination ? N’est-il pas un consensus mou alors que Nuit Debout veut être offensif ? Ce processus a au moins une vertu : il est une expression démocratique et concrète élaborée ensemble. Il faut développer l’outil démocratique dès maintenant pour préparer « l’après ». Mais soyons dans la lutte. La démocratie sur la place est importante mais ne doit pas être la préoccupation première.

II/ Prises de parole libres

– Une intervenante fait l’éloge du mouvement « contributionniste » Ubuntu. Il s’agit de fonctionner à l’échelle de 1000 personnes sans argent. Chaque personne consacre trois heures de son temps à la collectivité. C’est un mouvement né en Afrique du Sud et qui se propage dans le monde entier.
– Un intervenant estime que la démocratie représentative est un oxymore. Le gouvernement n’exécute pas la volonté du peuple. On ne choisit pas les gens pour qui on vote, ce sont les médias. Il n’y a pas d’égalité du temps de parole dans les médias. Macron n’était pas connu, un « storytelling » dans les médias l’a fait monter dans les sondages.
– Un intervenant rappelle qu’il n’y a pas de démocratie réelle dans la sphère de l’économie. Il faut que les travailleurs soient associés comme cogérant des entreprises.
– Un intervenant propose de créer un organe exécutif de Nuit Debout avec des personnes tirées au sort pour trois mois. Un mandat court et non renouvelable, pour avoir des représentants Nuit Debout.
– Un intervenant donne rendez-vous le 3 juin à 19h30 sur la place de la République pour un débat sur les Comores.
– La commission SDF appelle à un rassemblement le 2 juin à 10h devant l’hôtel de ville de Paris.

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