Pourquoi nous marcherons le 19 mars
Un appel signé par des participant.e.s à l’Assemblée de Coordination de Nuit Debout Paris – République.
Nous, participant.e.s à l’Assemblée de Coordination de Nuit Debout Paris République apportons notre signature à l’appel des organisateurs de la Marche pour la Justice et la Dignité qui partira de la place de la Nation le 19 mars à 14h pour se rendre place de la République. Ainsi, nous marcherons ce jour parce que nous ne nous soumettrons pas à l’arbitraire du pouvoir, parce que les mots « justice » et « dignité » ont encore un sens pour nous, parce que nous pensons qu’il est primordial de nous organiser, ensemble, pour lutter contre la guerre faite aux pauvres, aux migrants, aux descendants de colonisés. Nous ferons savoir que nous sommes mobilisé.e.s contre la hogra, contre l’humiliation, contre le racisme et les violences policières, contre les guerres lâches faites en notre nom contre des peuples qui ne nous ont rien fait.
À nos yeux et nos cœurs, cette marche ne constitue pas une énième manifestation contre les violences d’Etat. Elle est l’occasion de lancer un puissant mouvement de résistance face aux forces qui, sous couvert de « politiques sécuritaires », imposent depuis bien trop longtemps à nos frères et nos sœurs un véritable régime de terreur. Plusieurs années après la mort de Zyed et Bouna, et la relaxe de ceux-là même qui ne « donnaient pas cher de leur peau », le régime policier et anti-démocratique qui préside la République Française n’a cessé de se renforcer. En parallèle, la société a subit un matraquage idéologique d’extrême droite centré sur la question identitaire, produisant la division dont cet ignoble système a tant besoin pour prospérer. À nos yeux, la domination médiatique de ces discours est digne de la propagande que nos parents ont subit du temps de la traite négrière, puis de la colonisation.
Ainsi, lorsqu’un jeune noir perd la vie entre les mains de la gendarmerie à Beaumont sur Oise ou qu’un autre se fait violer par quatre policiers à Aulnay Sous Bois, nous sommes assommés par le silence des médias, des politiques et de l’écrasante majorité de la population française. En ces temps d’information, le silence est une arme. Puis viennent les éléments de langage, les coups de com’, la visite du Président… Quand ce n’est pas un membre de la famille d’une victime qui se retrouve derrière les barreaux ! À défaut de produire de la justice et de la dignité, l’Etat français s’aligne sur les régimes qu’il soutient en Afrique. Le 19 mars, nous marcherons pour la libération de Bagui Traoré, dernier prisonnier politique en date, contraint d’engager une grève de la faim pour réclamer justice.
Que cela soit clair. Théo, Adama, Lamine et tant d’autres ne sont pas les simples victimes d’une police raciste en manque de dignité. Ils ne sont pas des noms abstraits qui seront chantés et affichés le 19 mars. Ils ne sont pas que « nos potes ». Ils sont, pour nous, avant tout des frères. Car nous croyons et nous luttons pour une véritable fraternité internationale au sein de laquelle chaque être humain aurait le même droit à la vie et le même droit à la compassion lorsqu’il est victime d’actes de terrorisme. Ainsi, lorsque monsieur « Barbe Rousse » viole Théo, il doit savoir que ce n’est pas seulement sa famille qu’il violente, mais toutes celles et ceux qui, chaque jour, aux quatre coins du globe, font de la dignité du genre humain le principe fondateur de leur existence. Nous sommes des milliards à porter cela au plus profond de nos cœurs ; cette conviction circule dans nos veines et alimente nos esprits.
Le 19 mars, nous marcherons pour dire qu’au delà des querelles, des ressentiments et malgré le poison que les médias distillent dans la société, notre unité d’action demeure intacte. Jamais nous ne craindrons les cohortes de soldats et de communicants qui se sont mis au service de l’oppression des peuples. Il est temps que la peur change de camp, que nous nous rendions à nouveau maîtres.ses. de nos vies, que nous assurions collectivement la sécurité de nos enfants face aux violeurs en uniforme, que s’engage des deux côtés de la Méditerranée la libération de tous les territoires encore (néo)colonisés, que la justice et la dignité ne soient plus des revendications, mais deviennent une réalité quotidienne.
Le 19 mars, nous marcherons parce que l’antiracisme ne saurait être passif. Combattre ce poison hérité de la traite négrière et de la colonisation nous demande de questionner le passé, de nous informer sur les dynamiques politiques et économiques présentes, d’œuvrer à l’émancipation des esprits et des corps. Nous marcherons car nous avons besoin de nous rencontrer, nous parler et d’échanger, cela afin de construire ensemble la force qui sauvera nos enfants de la catastrophe à laquelle nous mènent ceux qui gouvernent.
Des participant.e.s à l’Assemblée de Coordination de Nuit Debout Paris – République
nuitdebout.fr/paris/ac – acparisrepu@riseup.net
J’avais prévu de participer à la marche.
Puis j’ai vu parmi les signataires l’Islamic Human Right Commission (IHRC) , qui a décerné un prix d’islamophobie à Charb et Charlie HEBDO deux mois après le massacre qui a coûté la vie à 8 membres de la rédaction. Il faut être aveugle et sourd pour ne pas voir la portée de ce geste criminel. Vous avez marché avec le fascisme, comme en 40.
Avoir accepté de marcher à l’appel de cette organisation est une honte absolue.