De la voie institutionnelle à la révolution intégrale – Gazette Debout

Le contexte politique mondial nous montre clairement les limites des possibilités de changement social en empruntant la voie institutionnelle.

D’une part, les expériences politiques des nouvelles gauches sud-américaines n’ont eu que peu d’impact sur la vie politique réelle des pays où celles-ci ont pu gouverner. Il leur a été extrêmement difficile de poursuivre leur action sur le long terme, et ce de par leur dépendance à un système électoral au sein duquel lobbies et médias privés usent de méthodes bien rodées en toute partialité. Il suffit d’ailleurs de voir ce qu’il s’est passé au Brésil il y a quelques semaines pour se rendre compte que ces méthodes servent surtout à faire tomber des gouvernements.

D’autre part, la trajectoire du gouvernement grec durant l’année écoulée est un cas d’école sur la différence entre prendre le pouvoir et entrer dans un gouvernement. (Le dossier grec est développé dans cet article [en anglais / en espagnol].)

Du côté de l’Espagne, où rien ne bouge élection après élection, la démonstration est faite qu’une majorité dans la rue ou sur les réseaux sociaux ne permet pas de créer une majorité parlementaire.
Quand le mouvement 15-M a commencé à occuper les places espagnoles en 2011, il a suffit de 30 jours pour retourner tout l’imaginaire politique de plusieurs générations. Mais sa prétendue conséquence politique n’a pas réussi à créer un programme institutionnel de type social-démocrate même plus de deux ans après.
Durant la première année des villes dites du changement, nous avons vu les discours et l’ambiance générale s’améliorer significativement. Malgré cela, quand des décisions clés ont été nécessaires, la dépendance au système capitaliste et aux hiérarchies étatiques a empêché la prise de mesures humanitaires contre les expulsions ou pour l’accueil des réfugiés. Ne parlons même pas de mesures structurelles.
En échanges de quelques réformes à la Pyrrhus, une génération entière de militants expérimentés et d’activistes reconnus ont quitté les rues pour se retrouver immergés dans une dynamique institutionnelle qui a sérieusement limité leur capacité de désobéissance et de rupture avec les pratiques établies.
Cette réalité est très éloignée des principes du municipalisme libertaire de Murray Bookchin. Pour lui, après avoir conquis le pouvoir municipal, il convient de le dissoudre et de convoquer une assemblée populaire. Les héritiers autoproclamés du 15-M ont au contraire sacrifié leur engagement de désobéissance pour s’enfermer dans la bureaucratie et la hiérarchie des institutions gouvernementales, institutions extrêmement bien verrouillées.
Alors que les occupations menées par la PAH est un bon exemple de ce qu’il est possible d’accomplir, les mouvements massifs de désobéissance, après avoir quitté le 15-M, n’ont pas développé suffisamment en profondeur leur capacité d’action.

« Democracia Real Ya », « Démocratie réelle maintenant », Madrid. Nuit Debout/DR

Dans ce contexte, je soumets à la discussion deux questions stratégiques.
Premièrement, quel est le plus facile : obtenir que plus de 50 % de la population vote pour des partis qui remettent en question l’ordre établi mais qui n’appliquent pas leur programme, ou, que les 5 % qui remettent en cause cet ordre organisent la désobéissance de façon autonome, montrant concrètement ce à quoi peut ressembler cet autre monde que nous portons en nous ?
Deuxièmement, comment conquérir un pouvoir réel pour transformer les choses ? Est-ce en tentant de réformer l’économie par le biais de gouvernements qui n’émettent même plus leur monnaie ni ne contrôlent leur système bancaire – compétences confiées à la BCE par le Traité de Lisbonne ? Ou est-ce plutôt en essayant de créer une économie différente, avec une nouvelle souveraineté bancaire et monétaire ?

Pour envisager d’autres perspectives, nous pouvons analyser, ailleurs dans le monde, l’exemple des Zapatistes du Chiapas (Mexique) ou celui des Kurdes du Rojava et du Bakur. Comment des processus basés sur la construction par le bas d’une autonomie démocratique, continuent-ils à se consolider malgré une répression étatique violente et intense année après année ?

Il est significatif de noter que les processus de changement les plus radicaux et les plus passionnants des dernières décennies surgissent par le bas, et en marge des institutions étatiques. Malgré cela, en Europe, des millions d’anticapitalistes préfèrent affronter bille-en-tête le système parlementaire étatique, n’obtenant rien et perdant en chemin leurs valeurs et leurs idées. Ils devraient plutôt se concentrer sur le soutien et la création d’initiatives autogérées, qui travaillent, par le bas, à une transition vers une autre société.

Au niveau mondial, si ce siècle a commencé avec des mouvements de résistance au système de globalisation néolibérale, s’il a continué avec des forums sociaux qui montraient qu’un autre monde était possible, alors, aujourd’hui, dans la deuxième décennie du XXIe siècle, le temps est venu de construire cet autre monde.

Même en Europe, ces expériences autogérées, en opposition avec les États, ont non seulement résisté à l’hégémonie parlementaire des dernières années, mais se sont également renforcées, et ont pu se fixer de nouveaux objectifs.
Ainsi, par exemple, la coopérative catalane intégrale est une réalité qui s’est consolidée significativement en 6 ans d’existence et qui compte plus de 700 projets et plusieurs milliers de participants. D’autres coopératives et projets se développent dans d’autres régions du sud de l’Europe. Les mouvements d’agriculture communautaire, d’entreprises récupérées par les travailleurs, ou les expériences d’économie des communes libres, sont à l’origine de pratiques où réciprocité et don sont plus forts que les lois du marché.
Ces réalités préfiguratives, pour l’instant naissantes, se renforcent grâce à leur mise en réseau et leur collaboration au niveau local. Il y a des milliers de monnaies sociales, d’associations de consommateurs, de centres sociaux autogérés, d’écoles libres et autonomes, de groupes de soutien aux réfugiés sans papiers ou non, qui défient à la fois le modèle capitaliste et le rôle prédominant de l’État. C’est un terreau fertile pour développer un mouvement de désobéissance en rupture avec l’establishment, avec le but de bâtir une nouvelle souveraineté collective, basée sur l’autodétermination et l’autogestion de communautés d’hommes libres.

Fair.Coop/DR
Fair.Coop/DR

Fair Coop fut créée pour mettre en valeur les espaces de collaboration internationale (ou plus précisément entre autonomes et communes libres). En tant qu’écosystème global et multilocal, Fair Coop contribue au processus de construction d’une autre économie pour une autre société. Elle partage les principes de la révolution intégrale, comme la participation de tous en assemblée ouverte, et la non reconnaissance des États comme sujets légitimes, avec, en conséquence, une désobéissance intégrale pour fortifier la construction d’autres formes de cohabitation et d’autogouvernement.
Fair Coop reprend les principes de la révolution intégrale afin d’opérer une transition radicale en marge du système actuel et dans tous les aspects de la vie. Elle construit un écosystème cohérent de projets, de ressources et d’outils, avec l’objectif de faciliter la révolution intégrale partout dans le monde, favorisant ainsi le développement de l’autogestion et de l’autonomie démocratique aux niveaux local, régional et global.
Un des outils proposés est Faircoin. C’est une monnaie sociale de pair à pair qui vise à financer ces projets d’autogestion et à connecter entre elles les initiatives d’économie alternative (des économies solidaires jusqu’aux économies des communes libres) ; cette monnaie soutient ainsi le travail de ces mouvements qui utilisent et promeuvent habituellement les monnaies sociales au niveau local. Faircoin vise aussi à moderniser les technologies utilisées par ces systèmes monétaires alternatifs, afin de les renforcer et les rendre plus résistants aux éventuelles attaques institutionnelles (cf. Annexe Faircoin 2).

Le temps est venu de réaliser l’aphorisme de Eduardo Galeano : « Beaucoup de petites gens, dans de petits endroits, faisant de petites choses, peuvent changer le monde. »
Il est temps de l’appliquer à de plus grandes choses, comme l’élaboration d’outils pour l’articulation de toutes ces petites choses, ou comme la mise en place de méthodologies qui ont fait leurs preuves dans leur capacité à respecter la diversité de tous les participants. Les Kurdes ont par exemple remis au goût du jour le confédéralisme démocratique, une forme ancienne d’organisation politique, présente autrefois sur la péninsule ibérique.

Après tant d’efforts dédiés à la voie institutionnelle, et si nous nous tournions vers l’autogestion désormais ?
Vous savez quoi ? Répondre oui à cette question, c’est beaucoup plus que glisser un bulletin de vote dans une urne. C’est affirmer que vous voulez faire de votre vie un exemple du monde que vous portez en vous, c’est vouloir associer pratique et théorie. Répondre oui, c’est entrer dans une nouvelle dimension dans laquelle nous ne sommes plus dépendants de leur majorité – ou de la nôtre – pour réussir. Que nous soyons des milliers ou des millions, nous ne dépendrons que de nous-mêmes et de notre volonté à faire de nos rêves une réalité. Oserez-vous vous lancer ?

Faircoin. Fair.Coop/DR
Faircoin. Fair.Coop/DR

Annexe Faircoin 2

Dans ce post-scriptum, nous souhaitons aborder des détails plus techniques sans que cela ne nuise à la compréhension des points importants de cet article.

L’invention du blockchain et ses implications pour les initiatives monétaires ou pour les systèmes de contrats, nous amène rapidement vers un scénario où la centralisation des États, Cours judiciaires et banques centrales, n’est plus le seul moyen de générer un système économique, légal et politique autonome. Le blockchain permet de comptabiliser les opérations économiques d’une façon très difficile à corrompre et à manipuler. Cela est rendu possible grâce à une combinaison de cryptage et de décentralisation réalisée via des centaines d’ordinateurs partageant les données d’un système.

Pourtant, le nouveau capitalisme technologique n’épargne pas ses efforts d’investissement dans tout ce qui est lié au blockchain, l’intégrant expressément à sa stratégie de réorganisation des systèmes des banques et des entreprises. Il transforme la plupart des initiatives liées au blockchain en une avant-garde du nouveau capitalisme de réseau, tant plébiscité par les anarcho-capitalistes de la Silicon Valley.
Pour ce capitalisme d’avant-garde, il importe peu que le bitcoin par exemple fasse exploser la consommation énergétique et l’exploitation minière (au détriment de la planète), ou que la distribution de ces nouvelles monnaies bénéficient à ceux qui en possèdent le plus…

Pour nous, cela est très important. Pour que le blockchain et les technologies associées soient réellement des outils pour le bien commun, Fair Coop travaille au développement de Faircoin 2. Cette seconde version est basée sur un blockchain coopératif et distribué, qui permettra de s’adapter aux valeurs des mouvements sociaux, à l’esprit du bien commun, des économies solidaires et collaboratives des communes libres.

Faircoin 2 donne la priorité au bien commun plutôt qu’au bénéfice privé, il ne peut donc pas compter sur l’investissement financier des élites économiques. Nous avons donc besoin que les personnes du côté des « 99 % » comprennent d’une part l’importance de ces développements pour le changement social, et d’autre part la nécessité de tous collaborer à les rendre possibles. C’est pour cela que la campagne de crowdfunding pour Faircoin 2 sera mise en œuvre jusqu’au 7 juillet 2016.

Faircoin propose ces innovations comme un bien commun universel. Si vous souhaitez aider à leur succès alors qu’elles sont encore aux mains de personnes portant des valeurs coopératives et solidaires – comme les vôtres –, vous pouvez rejoindre le projet et obtenir dès à présent vos premiers faircoins.

Enric Duran
(Traduit par Julien, proposé par David.)

A propos de la révolution intégrale :

Plutôt que d’essayer de réformer la société, ils veulent en construire une autre
IntegraRevolucio.net

Image Fair.Coop/DR
Article publié le 2 juillet sur EnricDuran.cat et le 4 sur Fair.Coop.
Visuels et liens ajoutés par Gazette Debout.

De la voie institutionnelle à la révolution intégrale – Gazette Debout.

Source: De la voie institutionnelle à la révolution intégrale – Gazette Debout

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4 réponses à “De la voie institutionnelle à la révolution intégrale – Gazette Debout

  1. même si cela semble à coté, il ne semblerait pas idiot de s’y pencher….
    Ebauche de texte de proposition de loi citoyenne (et non plus parlementaire) en vu de reprendre son destin électoral en main…. et non plus le déléguer à des gens dont le seul souci de représentativité ne serait que celle de leurs intérêts (cumuls de mandats, émoluments, exonérations, et autres avantages petits…).
    On retrouve dans la phraséologie de leurs propositions de lois, la mollesse de ceux qui demandent, sollicitent des autorisations au pouvoir, d’agir dans le sens du peuple (visant, espérant, tendant… Jamais de termes volontaires et « guerriers » (imposant, exigeant, obligeant… ) Une étude est en cours de réalisation sur les législatures de 1997 à nos jours et vous sera communiquée si vous le souhaitez…. Elle permettra de voir la continuité de ceux qui siègent actuellement à l’Assemblée et pour certains depuis 1997 et avant….

    http://wp.me/p4Im0Q-141

    cordialement

  2. Commentaire n° 4 sur 6.
    Bonjour à tous.
    L’article titré « De la voie institutionnelle à la révolution intégrale – Gazette Debout » fut publié par « admin » le 28 juillet « 2016 » après le prétendu Jésus Christ (A.L.P.J.C.). Il est classé dans la catégorie « Analyses ».
    Il semble être en entier la traduction d’un texte dont l’original est en espagnol.

    C’est la première partie de son titre qui fit s’intéresser à cet article jusqu’à produire le présent commentaire. Qu’est-ce qui est appelé « voie institutionnelle » et vers quoi est-elle censée mener ? Comment serait faite la « révolution intégrale » et quelle société produirait-elle ? Quelle est la relation entre la « voie institutionnelle » et la « révolution intégrale » ?

    Qu’est-ce qui est appelé « voie institutionnelle » et vers quoi est-elle censée mener ?

    Les citations suivantes le montrent. « Le contexte politique mondial nous montre clairement les limites des possibilités de changement social en empruntant la voie institutionnelle », « […] n’a pas réussi à créer un programme institutionnel de type social-démocrate », « comment conquérir un pouvoir réel pour transformer les choses ? Est-ce en tentant de réformer l’économie par le biais de gouvernements », « l’importance de ces développements pour le changement social ».

    Le but est donc de changer l’aspect économique et social de la société (dans chaque pays évoqué). En gros, on s’occupe d’argent et de ses conséquences, comme d’autres individus qui s’occupent de gagner de plus en plus d’argent notamment par la création de règles étatiques qui les favorisent, par l’exploitation abusive, les fraudes, etc, sauf que, là, dans l’article, ce serait fait par des gens qui n’ont pas d’argent actuellement et pour eux.
    Dans l’article, il n’est pas parlé d’aspects de chaque société qui sont supérieurs dans la hiérarchie des règles, par exemple savoir s’il y a ou non une royauté, monarchique ou non, savoir s’il y a ou non une ou plusieurs dominations religieuses, avec ou non paiement de prêtres, etc. Tout cela a des conséquences sur les aspects économique et social, l’aspect économicosocial. Rien que pour cela, le projet de changement est donc très superficiel.

    Ladite « voie institutionnelle » est celle où du changement est tenté d’être apporté par les organes gouvernementaux, assemblées d’élus et gouvernement lui-même.
    Or, il n’y a pas le projet de modifier ce qui existe à ce sujet et qui est fait de conséquences de principes qui ne sont pas contestés. Il n’y a pas non plus le projet de supprimer des traités internationaux nuisibles, quoiqu’il y en ait une petite évocation de nuisance : « gouvernements qui n’émettent même plus leur monnaie ni ne contrôlent leur système bancaire – compétences confiées à la BCE par le Traité de Lisbonne ». Cette contestation se limite donc à un traité récent mais ne remet pas en cause un mouvement qui existe depuis plusieurs dizaines d’années à propos de ladite construction de l’Europe, et il n’y a pas que les traités concernant cela qui méritent d’être supprimés. C’est donc dans ces cadres qu’il est voulu apporter du changement économicosocial : il n’est pas étonnant que ça ne soit pas efficace.
    Il est parlé de partis politiques « qui remettent en question l’ordre établi mais qui n’appliquent pas leur programme ». Quel qu’ait été celui-ci, la remise en question était très insuffisante, et l’action faite dans le cadre mauvais de ce qu’il n’était pas voulu changer était forcément très limitée.
    Il est parlé de « mouvements massifs de désobéissance » qui « n’ont pas développé suffisamment en profondeur leur capacité d’action ». Ce fut d’abord l’absence de réflexion « en profondeur », avec la mise en cause « en profondeur » des règles existantes, qui fit se retrouver dans des cadres où une action de changement ne pouvait pas être développée.
    Il est parlé de membres d’une population, en petit nombre (5%), « qui remettent en cause cet ordre », « l’ordre établi ». L’article ne montre qu’une petite remise en cause.
    Il est dit qu’il y eut beaucoup « d’efforts dédiés à la voie institutionnelle » mais ce qui est indiqué, que ça corresponde ou non à la réalité, montre qu’il y eut très peu d’efforts de changement véritable et qu’il est normal que les chaînes acceptées aient produit leurs conséquences.
    Ladite « voie institutionnelle » est donc celle où il est espéré que, en utilisant une route tracée pour aller dans telle direction, on se retrouvera ailleurs. Ça ne tient pas debout.
    En plus, si on pouvait se retrouver en cet ailleurs, la situation ne serait pas très différente de la première car il y aurait la conservation de beaucoup des mêmes nuisances.

    L’article ne montre donc pas que des changements ne puissent pas être apportés par le pouvoir public lorsque celui-ci sera modifié en profondeur. (Comment pourrait-il l’être ? Il faudrait d’abord que la nouveauté voulant être apportée soit cohérente, connue largement dans la société, qu’elle soit soutenue par une majorité de la population particulière à tel ou tel pays, et qu’elle finisse ainsi par arriver au pouvoir. Autrement dit, c’est d’abord la nation qui dont changer et le reste en est la conséquence.)

    Comment serait faite ladite « révolution intégrale » et quelle société produirait-elle ?

    En conséquence du constat de l’échec de ce qui est appelé « voie institutionnelle », l’article propose ses solutions. Le mot « démocratique » est employé plusieurs fois ainsi que « autonomie », « autodétermination » et « autogestion ». Le constat de l’échec de ce qui est appelé « voie institutionnelle » et l’annonce de la solution proposée sont résumés ainsi : « Après tant d’efforts dédiés à la voie institutionnelle, et si nous nous tournions vers l’autogestion désormais ? ».

    À propos de ladite « voie institutionnelle », il y a d’abord une grande limitation de la prise en conscience de ce qui est contestable, une grande superficialité, de grandes incompréhensions. Il y en a aussi à propos de la solution apportée et en voici quelques-uns.

    Le mot démocratie est employé. Un commentaire est présenté dans le message n° 1.

    À propos du mot souveraineté, il y a de l’incompréhension, et l’effet de l’endoctrinement étatique.
    Il est écrit : « […] gouvernements qui n’émettent même plus leur monnaie ni ne contrôlent leur système bancaire – compétences confiées à la BCE par le Traité de Lisbonne ? Ou est-ce plutôt en essayant de créer une économie différente, avec une nouvelle souveraineté bancaire et monétaire ? » Lorsque des nations décident d’attribuer, de déléguer, de confier (verbe employé dans l’article) des « compétences » (c’est-à-dire des domaines de compétences et des pouvoirs dans chacun d’eux) à un organisme international, chacune de ces nations conserve sa souveraineté, et elle peut donc décider de supprimer sa décision antérieure. Par ailleurs, les pratiques avec de ladite monnaie présentées dans l’article ne relèvent pas d’une « souveraineté », « nouvelle » ou non.
    Il est écrit : « le but de bâtir une nouvelle souveraineté collective, basée sur l’autodétermination et l’autogestion de communautés d’hommes libres ». Le nom « souveraineté collective » désigne-t-il la souveraineté d’une nation sur son territoire particulier quelle que soit son organisation intérieure ? Non puisque ce qui existe en conséquence de cela relève des « institutions » et qu’il est écrit que ladite « voie institutionnelle » est abandonnée. Le nom « souveraineté collective » ne signifie rien. Si on y trouve une signification, c’est parce que le mot souveraineté n’est pas employé de manière sensée. La solution proposée dans l’article n’a rien à voir avec de la souveraineté. Par ailleurs, dans chaque pays qui existe et qui n’est pas sous la domination d’un autre pays, la situation qui existe est déjà celle d’une autodétermination et d’une autogestion car, dans chacun de ces pays, l’existence du régime politique en vigueur, son fonctionnement et les traités internationaux auxquels il est partenaire sont ceux décidés par sa nation particulière qui, lorsqu’elle veut les modifier plus ou moins, ou les remplacer, le fait, par une révolution si c’est nécessaire. Si une nation ne veut pas modifier ses règles d’organisation et de fonctionnement, c’est parce qu’une majorité de ses membres ne le veut pas. La minorité n’a pas à tenter de s’imposer. Elle peut s’occuper de tenter de devenir une majorité.

    Il est parlé de « la non reconnaissance des États comme sujets légitimes ». Ce mot « États » ne désigne pas les pays mais le pouvoir public de chacun. Il est donc écrit qu’il ne faudrait pas reconnaître chacun de ceux-ci comme étant légitime. Puisque l’article est écrit sous l’inspiration d’une doctrine dite « libertaire », on peut comprendre qu’il y a la confusion intellectuelle entre l’existence d’un pouvoir public en lui-même, et ce qu’il est à un moment donné dans chaque pays particulier. Dans l’article, la désapprobation de ce qui existe à un moment donné va-t-elle jusqu’à faire rejeter, en idée, l’existence de tout pouvoir public en lui-même ? En tout cas, pour un être humain, le seul fait d’exister, de cueillir un fruit dans la forêt pour le manger, de ramasser un morceau de bois ou une pierre, etc, montre l’existence d’un pouvoir, d’une autorité. Pour un groupe d’humains vivant libre sur son territoire particulier, il en est de même et il y a donc un pouvoir collectif de ce groupe d’humains sur son territoire. Savoir comment ce pouvoir est organisé dans chacun de ces groupes d’humains est un autre problème. Dans l’article, si l’existence de tout pouvoir public est combattu, ça relève de l’irréalité. Si ce qui est combattu est seulement ce qu’est le pouvoir public à un moment donné, c’est-à-dire les situations politiques actuelles, les déclarer comme n’étant pas « légitimes » revient à nier que chacun soit la conséquence de la décision de la nation qui lui correspond et, en plus, si elle n’en voulait plus, elle le changerait. Dans l’article, il est contesté qu’une majorité puisse créer ce qui lui plaît et il est voulu qu’une minorité puisse imposer sa volonté à la majorité. C’est la tyrannie d’une minorité qui est souhaité.
    Qu’est-ce qu’il y a dans cette volonté minoritaire ? Puisque, dans l’article, il n’y a pas de contestation de l’existence de roi ou de reine là où il y en a, ni des dominations religieuses, avec des conséquences, tout cela est admis.
    En plus, le nom « bien commun » est employé. Il fait partie du christianisme, au moins de celui qui est papiste. Il exprime que l’auteur, espagnol, du texte était sous influence papiste. Le traducteur l’était aussi.

    Il est parlé de « la création d’initiatives autogérées, qui travaillent, par le bas, à une transition vers une autre société », et « le développement » de cela mènerait à quelque chose au niveau « global ». (Le projet est très imprécis et on ne comprend pas si ce niveau est celui de chaque pays ou celui d’eux tous, peut-être fusionnés pour être un seul pays mondial). Ainsi se ferait ladite « révolution intégrale ».
    Au minimum, il y a donc le projet d’arriver à un changement au niveau du pouvoir public (d’un pays, ou de plusieurs ou de tous).

    Dans l’article, il y a aussi les illusions concernant « une majorité » « qui serait dans la rue ou sur les réseaux sociaux », concernant « une génération entière de militants expérimentés et d’activistes reconnus ». Il est aussi parlé de « forums sociaux qui montraient qu’un autre monde était possible » et que « aujourd’hui », « le temps est venu de construire cet autre monde » évoqué dans l’article.

    Le projet de société est produit par un grand manque de réflexion, de l’ignorance, des mauvaises analyses, du chaos intellectuel, des illusions, des rêvasseries, … Il n’est pas réalisable. Dire cela ne signifie pas que toutes les pratiques indiquées soient mauvaises mais ça signifie qu’au moins une grande partie des conceptions qui vont avec sont mauvaises et même pas cohérentes.

    Dans l’article, il est parlé de montrer « concrètement ce à quoi peut ressembler cet autre monde que nous portons en nous », de « faire de votre vie un exemple du monde que vous portez en vous ». Il est parlé de la création d’une « autre société ».
    Ce qui en est dit dans l’article dont le titre commence par « De la voie institutionnelle à la révolution intégrale » montre que cette société serait très mauvaise, que ses partisans n’arriveront jamais à la créer, et il est très bien qu’il en soit ainsi !

    Quelle est la relation entre le constat de l’échec de ladite « voie institutionnelle » et les actions censées mener à ladite « révolution intégrale » ?

    Le projet présenté (imprécisément et en confusion) n’est pas celui d’individus qui renoncèrent à apporter tous les changements nécessaires car ils ne tentèrent pas cela puisqu’ils ne s’étaient pas occupés de réfléchir suffisamment pour remonter aux causes premières nuisibles, ou qui approuvaient peut-être consciemment celles-ci ou certaines d’entre elles.

    Le projet présenté est celui d’individus qui voulaient conserver les principaux cadres nuisibles en voulant aussi apporter les quelques changements qu’ils souhaitaient, qui échouèrent donc inévitablement et qui, au lieu de réfléchir davantage pour atteindre les causes premières et se faire alors un projet cohérent de nouvelle société, renoncèrent à combattre les règles étatiques qu’ils percevaient et perçoivent encore comme mauvaises, renoncèrent à s’occuper de les modifier. (Peu importe que ça corresponde ou non à la réalité car c’est ce qui résulte de l’article.)
    Les individus évoqués et d’autres s’occupent alors de créer leur petit monde à part, en espérant cependant que ça pourrait se développer jusqu’à provoquer une « révolution intégrale ».
    C’est une position de vaincus, de soumis, tout en s’illusionnant en parlant beaucoup de « désobéissance » et même de « désobéissance intégrale ».

    Ainsi se termine le commentaire n° 4 d’une série de six qui furent déposés ce même jour sur le présent site internet de Nuit debout.
    Le n° 1 est à l’article « Pour fédérer Nuit Debout : à vos propositions », classé dans la catégorie « Important ».
    Le n° 5 est à l’article « GazetteDebout : exprimez-vous ! », classé dans la catégorie « NuitDebout en France ».
    Merci et salutation.

  3. Il faut avoir la volonté de se coltiner les méthodologies appliquées au sujet que l’on souhaite traiter sinon c’est le bavardage qui prévaut ce qui est encore le cas présentement.
    L’ art de la thèse demande en effet un effort de la part de ceux qui veulent aborder des sujets tels que: les cadres législatifs, réglementaires, institutionnels actuels permettent-ils de modifier quoi que ce soit ? non, et je souscris à l’intervention de F. Lordon prononcée à la Bourse du Travail en mai ou juin dernier (voir youtube) qui en déduit qu’il faut changer de cadres.
    Pour cela on élabore le sujet en se posant les questions principales puis viendront les problématiques (le comment), j’ai simplifié pour illustrer le propos, par exemple comment aborder le Code Civil dont de nombreux articles sont obsolètes: l’aide sociale s’applique toujours bien que l’espérance de vie ait été multipliée par 2,5. Ceci a pour conséquence de mettre à la charge des personnes âgées de plus de 60 ans, voir de leurs enfants, la quasi-totalité de leur prise en charge dès lors que le handicap apparaît. Une des conséquences non diffusée consiste en la spoliation de leur bien immobilier par la vente aux enchères publiques effectuée par l’administration des domaines (domaines de France) au bénéfice des institutions qui auront avancés les frais de prise en charge.
    En Ile de France cela constitue l’essentiel des ventes. Ceci est parfaitement scandaleux.
    Comment opère-t’on ? c’est la problématique.
    Autre cadre, l’aménagement urbain: régit par les codes de l’urbanisme, de la construction et de l’habitat, de l’environnement pesant chacun respectivement 3 200 pages pour les deux premiers et 2 200 pages pour le dernier, éditions Dalloz,. Il y a des questions principales auxquelles il ne peut pas être répondu immédiatement en totalité (impact) d’autres ne posent pas de réelles questions par exemple: pourquoi tout projet de construction requiert-il pas l’intervention de l’architecte à partir de et seulement de 150 M2 ?. La France est enlaidie par des maisons individuelles non conçues par des professionnels. En Belgique il n’y a pas de seuil, pourquoi ? En France la moitié des archi gagent au mieux le smic ? Il faut revoir tous les cadres.
    Tout ceci représente un travail immense auquel il convient d’associer de nombreuses personnes. C’est le début de la révolution intégrale que certains appellent de leurs voeux. Je ne vois pas d’autre chemin. VB
    NB: sans doute que des commissions se sont engagées dans cette voie.

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