Les féministes sont vent debout

Au sein du mouvement Nuit debout, parmi les différentes commissions, des femmes et des hommes participent librement à la commission “ féministes ”.

Ce jour-là il pleut des cordes. Le groupe se compose de façon tout à fait informelle, au gré des arrivant-e-s. Tous se mettent à l’abri dans un café de la place Notre-Dame. Lieu idéal pour confronter des idées. Et ce jour-là, les personnes présentes de la commission « féministes » de Nuit debout acceptent de se livrer au jeu des questions/réponses tout en souhaitant rester dans l’anonymat. Le « nous » remplace le « je » même si chacune et chacun s’exprime en son nom dans le cadre des réunions une à deux fois par semaine depuis le début du mouvement.

Pourquoi avoir ressenti la nécessité de créer une commission « féministe » au sein du mouvement Nuit debout ?

« Christiane prend la parole : Il y avait un manque à Poitiers. Le mouvement nous donne l’occasion d’ouvrir un espace qui n’existait pas. C’est à Paris que j’ai vu comment cela se concrétisait. Et il y a plusieurs commissions (*), ça s’est donc mis en place naturellement. »

Comment organisez-vous les rencontres ?

« Manon explique : Les AG sont toujours programmées à 18 h une ou deux fois par semaine sans fixer vraiment de journée. Une fois sur la place, le groupe se forme autour de la pancarte « féministes ». Certains soirs, la commission est mixte, d’autres pas. »

Quels thèmes abordez-vous ?

« Le sexisme avec notamment toutes les remarques apparentées à du harcèlement. Aux Couronneries, nous avons affiché toutes les phrases entendues par sept des femmes visées par ces remarques et qui participaient à la commission. C’était effarant. La parole est libre et sans tabous lors de ces rencontres. »

Reste-t-il une trace de vos échanges ?

« Nous faisons des comptes rendus que nous envoyons par mail pour les personnes inscrites sur notre mailing. »

Quel prolongement donnez-vous à ces rencontres ?

« La commission propose de mêler réflexions et actions. Par exemple, pour la Fête des mères, des affiches anciennes ont été détournées et placardées dans la ville afin d’interpeller les gens sur le rapport cadeaux/sexisme. De 1943 à 2016, quels sont les changements ? »

Avez-vous participé à l’action menée sur le sexe en béton des Bitards érigé sur le campus ?

« Nous étions une trentaine cette nuit-là. C’était une action « coup de poing ». Il y a eu tellement de réactions étonnantes après cette action. Il y a une bienveillance par rapport aux Bitards qui sont subventionnés pour s’alcooliser. Nous avons écrit au maire, au président de l’université et au Crous. Et à la rentrée, nous allons distribuer des tracts pour informer sur cette confrérie qui porte des valeurs sexistes et qui fait l’apologie de la beuverie. »

Qu’en pensent les hommes présents dans votre commission ?

« Baptiste se lance : On se rend compte de la domination masculine. C’est très intéressant aussi d’apprendre à écouter et à désapprendre aussi. En tout cas, on peut réfléchir à la notion d’ « être élever comme un homme ou comme une femme ».

Et après, si le mouvement s’essouffle ?

« Nous ne sommes pas des militantes. Nous sommes avant tout des femmes de tous horizons. Nous avons plaisir à nous retrouver et à échanger sur la façon de se réapproprier notre corps ou notre dignité. »

(*) Les autres commissions au début du mouvement étaient : logistique, droit au logement, agriculture et convergence des luttes.

à savoir

Le Collectif du 8 mars, crée en 2002, qui regroupe à la fois des associations et des militants de parti politique de gauche au sens large, organise des temps de discussion lors de la journée de la femme et plus ponctuellement des ateliers comme celui de jeudi soir au centre d’animation de Beaulieu, suivi d’une conférence animée par la sociologue Édith Maruéjouls (lire ci-dessous). Les ateliers ont consisté à mettre en « jeux » la question du genre dans la société, animés par François Petit, Aurélie André et Sabine Lambert, du Planning familial. « Ce qui est intéressant, c’est que ce type d’échanges permet de faire appel à la construction de chacun, a précisé Geneviève Huneau, au nom du Collectif. »

Les féministes sont vent debout – 04/06/2016 – La Nouvelle République Vienne.

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