Nuit debout : comment s’organise le mouvement à Agen ?

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La première Nuit debout a eu lieu le 13 avril à Agen. © Illustration David Le Déodic.

Il est 19 heures. La banderole jaune et bleu « Nuit debout » est accrochée, la plaque de la place Wilson recouverte d’une feuille « Place de la Révolution ». Stéphane, Danièle et Anne préparent l’ordre du jour. Ce soir, ce sont eux qui organisent la Nuit debout agenaise. La première a eu lieu le 13 avril. « Mine de rien, nous sommes toujours là », sourit Danièle. Chaque semaine, il y a un noyau dur, « mais pas uniquement parmi les organisateurs ». Elle n’est pas une habituée des mouvements syndicaux. Si elle milite volontiers, c’est le plus souvent dans l’ombre. C’est d’ailleurs la première fois qu’elle aligne plus de trois mots derrière un micro. Comme d’autres qui portent la Nuit debout, elle se sent « trahie » par les politiques, « qui sont élus sur un programme et font exactement l’inverse ».

Principe démocratique

« Cette contestation couvait depuis longtemps », analyse Gilles. La loi El Khomri, son passage en force, a fait exploser le couvercle de la cocotte-minute. « Au départ, les gens qui s’exprimaient racontaient leur expérience au travail, il y avait beaucoup de choses à évacuer. » Aujourd’hui, Nuit debout grandit, se structure, même si les organisateurs n’aiment pas beaucoup ce mot. Vendredi dernier, ils étaient près de 70. Quelques-uns étaient là pour la première fois. Dont Laëtitia, anonyme étudiante bordelaise, qui a découvert que « Nuit débout existait aussi à Agen », ou encore Suzanne Calmont, militante active du collectif Terres fertiles contre le Technopôle Agen Garonne et la LGV.

« Nous avons aujourd’hui la possibilité de construire quelque chose de vraiment différent et nouveau »

Nuit debout, c’est tout cela. Des militants, des syndicalistes, des habitants de la ZAD. Et Monsieur et Madame Tout-le-monde. Le mouvement en train de naître ne regroupe-t-il que des gens « contre » ? Au premier abord, c’est ce que l’on pourrait croire. Mais de plus en plus de lignes émergent. « Toujours basées sur le principe démocratique. »

L’objectif est que tout le monde s’exprime, sans être jugé par les autres. D’où une gestuelle précise, héritée des contestations étudiantes, qui exclut applaudissements et sifflets. Et pour ceux qui n’osent prendre la parole, des « crieurs » sont à leur disposition. Ils sont les porte-parole des plus timides. Nuit debout, en tous les cas à Agen, n’est plus seulement dans la contestation. Ils sont plusieurs à vouloir devenir force de proposition.

Vendredi soir, il fut question de « changer le monde » ou encore, de « convergence des luttes ». © Photo Ph. A. Gr.

De l’éducation populaire

Vendredi, les participants se sont réunis en ateliers : action, communication, mais aussi « changer le monde » ou encore « convergence des luttes ». « Tout le monde peut proposer sa commission, tout le monde est libre de voter. » Beaucoup le disent, l’ombre de la récupération, syndicale, politique, plane. « Mais la chance que nous avons ici, à Agen, par rapport à d’autres villes, c’est que les personnes présentes, même si elles font partie d’un syndicat, font vraiment l’effort de ne pas utiliser leur vocabulaire militant habituel », note Danièle. « Nous avons aujourd’hui, avec tous les mouvements Nuit debout de France, la possibilité de créer quelque chose de nouveau », selon Stéphane. Quelques-uns des organisateurs de la Nuit de vendredi se sont rendus à Toulouse, il y a quelques jours. « Une constitution Nuit debout est en train de s’écrire. »

Mais, pour l’instant, le cœur de l’action reste la lutte contre la loi travail. « En respectant le principe démocratique. » Faut-il ou non assister aux réunions intersyndicales et accoler « Nuit debout » aux déclarations ? Faut-il durcir la lutte, après les tensions et les échanges musclés de la dernière manifestation ? Des propositions de blocages émergent, certains envisagent la radicalisation, d’autres non. « Au moins, le débat est là, les idées fusent, sur tous les sujets. C’est quasiment de l’éducation populaire… », souligne Gilles. « Ce sont les citoyens qui président à leur destinée. »

Source: Nuit debout : comment s’organise le mouvement à Agen ? – SudOuest.fr

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