Source: Euro à Saint-Denis : expulsions, flicage et foot
À Saint Denis, l’Euro s’est révélé un jeu brutal : expulsions sans relogements – de l’ordre du millier –, rénovation et augmentations de loyers, surveillance video, tout cela avec des retombées économiques limitées pour les petits commerçants. La gentrification est en marche, la manifestation l’était aussi jusqu’au blocage policier.
Au cri de » Les milliards pour les logements, pas pour l’euro », en référence aux 1.7 milliards dépensés pour l’euro, le cortège part vers le centre ville. Il s’arrête dans la rue où 5 personnes dont une famille entière ont péri dans les flammes quelques jours plus tôt. Après une minute de silence, ils rejoignent un rassemblement de sans papiers avec des camarades solidaires, formant un grand cercle. Non sans lien avec le cortège, ils protestent contre les expulsions de sans papiers effectués dans la ville.
La Loi Travail n’est pas loin, avec les cartons rouges brandis contre la loi, et le 49.3 contre la population et les députés. Sur les trottoirs et les balcons, les soutiens aux revendications sont nombreux.
La manifestation se redirige vers le Stade de France, c’est sans compter sur police montée à cheval. Les supporters du match France-Roumanie sont saufs.
Alors que le cortège fait demi tour tranquillement, les CRS se mettent à courir pour encercler les manifestants.
Les dictionnaires vont devoir se mettre à jour : le verbe « nasser » n’existe pas, mais son usage est tellement répandu à proximité de la police, qu’on commence même à le conjuguer au conditionnel. Une manifestante écrit et fait le tour des CRS : « Nasseriez-vous le XVIème » ? Un conditionnel très conditionnel.
Grâce à un voisin qui envoie son ballon du balcon, le « nassage » se termine en match de football improvisé, les nasseurs se tranforment en spectateurs. À priori, pas d’interpellation à déplorer. C’est ce qu’on appelle une victoire, par ces temps. Avec leur 2-1 arraché aux roumains, les bleus n’ont qu’à se rhabiller.