Manifestation contre l’état d’urgence pour reconquérir la place de la République

Source: Manifestation contre l’état d’urgence pour reconquérir la place de la République

“État d’urgence, Etat policier, on nous empêchera pas de manifester !” Réunis sur la place de la République quelques heures après la manifestation des forces de l’ordre, des centaines de militants se préparent à défiler contre l’état d’urgence. Malgré la pluie et l’absence totale de médiatisation, ils sont plusieurs centaines à se réunir pour dénoncer les mesures sécuritaires engagées par le gouvernement depuis plusieurs mois. Un rassemblement qui intervient au moment même où les députés viennent de prolonger l’état d’urgence jusqu’à juillet.

manifestation contre l’#EtatDUrgence sur le bd sebastopol à #Parishttps://t.co/8jh4dYR4Eh

— Cyril Castell (@13kapsy) 18 mai 2016

Prévu à l’origine pour une durée courte, l’état d’urgence entre dans son sixième mois sans qu’un arrêt soit prévu. Facilitation des perquisitions et des contrôles, renforcement des effectifs de police, assignations à résidence… difficile d’adapter l’urgence à l’Etat de droit. Pour les manifestants le choix est clair : pas question de s’habituer au “Tout sécuritaire”. “Ni un, ni deux, ni trois mois de plus. L’état d’urgence on n’en veut pas” scandent-t-ils alors que la manifestation s’élance sur le boulevard Saint-Martin.

Dans le cortège, des hommes et des femmes de tout âge viennent crier leur raz-le-bol d’un “Etat policier”. Lancé à l’origine par le collectif Stop à l’état d’urgence, plusieurs syndicats et associations tels que la CNT, Solidaires ou le Dal ont rejoint le mouvement. Dans la foule, quelques Nuits deboutistes sont également présents dans un esprit de “convergence des luttes”. Malgré quelques échanges verbaux musclés avec les forces de l’ordre, la manifestation se déroule sans heurt.

Une manifestante lors du défilé contre l'Etat d'urgence ©Cyril Castelliti

Une manifestante lors du défilé contre l’état d’urgence © Cyril Castelliti

Si les militants entendent bien lutter contre la prolongation de l’état d’urgence, sa banalisation dans le paysage législatif et judiciaire est tout aussi préoccupante. Après un premier passage à l’Assemblée nationale pour faciliter certaines démarches, d’autres lois sécuritaires voient le jour en parallèle. “Il faut que vous sachiez qu’au vu du contexte, le gouvernement prévoit une nouvelle loi qui assouplit le permis de tuer”,  hurle le speaker de la manifestation en évoquant le projet de loi Urvoas.

“Rémi, Zyed, Bouna, Malik, on vous oublie pas !”

Parmi les dérives évoquées par les organisateurs, l’assignation à résidence d’un journaliste et de certains militants est vivement dénoncée. Également perçue comme une répercussion de l’état d’urgence, la légitimation des violences policières dans les manifestations provoque la colère des manifestants. Après avoir entonné “Tout le monde déteste la police” , le cortège évoque les noms de victimes policières :Rémi, Zyed, Bouna, Malik, on vous oublie pas !”

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— Cyril Castell (@13kapsy) 18 mai 2016

Après un rapide tour du quartier, le cortège retourne à son point de départ. Pour certains organisateurs, l’objectif est d’occuper l’espace pour rappeler que “La place est à nous”. En criant à l’unisson “Liberté !” la place est réinvestie par les militants qui laissent place à la Nuit debout du soir.  Si le régime sécuritaire dénoncé est toujours de mise, ses contestataires ne baissent pas les bras. Malgré l’état d’urgence, les militants n’arrêteront définitivement pas de manifester.

Bonus : Tout comprendre sur l’état d’urgence grâce à l’infographie de DataGueule

 

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