Notre-Dame-des-Landes: les risques de l’évacuation

Source: Notre-Dame-des-Landes: les risques de l’évacuation

Le gouvernement va-t-il évacuer la ZAD de Notre-Dame-des-Landes par la force ? Officiellement, ce n’est plus une question mais une affirmation. Les « personnes qui occupent illégalement le site du nouvel aéroport devront partir d’ici le début des travaux », a affirmé Manuel Valls dans un communiqué dimanche 26 juin. Mercredi, lors des questions au gouvernement, il a rappelé que le chantier devrait démarrer « cet automne ».

En réalité, la situation n’est pas si simple. Après la mort de Rémi Fraisse, tué par un gendarme lors d’un rassemblement contre le barrage de Sivens sur la ZAD du Testet (Tarn) en octobre 2014, la crainte d’un nouveau mort est dans tous les esprits. En 2012, d’octobre à novembre, l’opération César 44 a échoué à expulser la zone après des semaines de courses-poursuites et d’affrontements dans la boue du bocage. L’État mobilise alors quatre compagnies de CRS (320 hommes) et plus de dix escadrons de gendarmerie mobile (plus de 730 militaires). Mais pour certaines journées d’action, les effectifs sont doublés : jusqu’à 2 200 hommes lors des expulsions des maisons occupées, avait déclaré le syndicat de police Unité-SGP. Selon le ministère de l’Intérieur, plus de 500 gendarmes mobiles et CRS ont pu participer simultanément aux opérations. Selon Le Télégramme, l’opération avait coûté plus d’un million d’euros pour les seuls frais des CRS affectés à la mission Notre-Dame-des-Landes (hébergement, restauration, transport, indemnités de déplacement et heures supplémentaires). Unité-SGP avait dénoncé les conditions d’intervention et la « gestion au coup par coup » sur sa page Facebook.

Cette fois-ci, combien de personnel faudrait-il mobiliser ? Au moins 2 500 hommes, a déclaré Bruno Retailleau, le président (LR) de la région Pays de la Loire, qui a déroulé une partie de sa campagne l’année dernière sur l’expulsion de la ZAD. Officiellement, personne ne confirme ce chiffre. Selon Frédéric Le Louette, président de GENDXXI, association professionnelle nationale de militaires, lui-même gendarme mobile, « il faudra des moyens considérables : de nombreux hommes pendant plusieurs semaines et plusieurs mois. Il faudra prendre toutes les précautions nécessaires. Le terrain est protégé. Les occupants ont installé des pièges. Il faudra les éviter et procéder doucement. Les gendarmes ne pourront pas intervenir par surprise. Il ne faut pas rêver d’une évacuation en deux heures. Ce n’est pas une scène de guerre mais l’opposition est très forte, les zadistes peuvent faire du harcèlement. Ce n’est pas un nouveau type de maintien de l’ordre mais l’adversaire a une détermination forte ».

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